La fête de l’Humanité est le lieu de toutes les rencontres. Après l’ancien trader de la Société Générale Jérôme Kerviel samedi matin, ce sont les députés socialistes frondeurs ainsi que des membres de la direction d’Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) qui se sont affichés aux côtés de Jean-Luc Mélenchon, à l’heure du déjeuner dans le parc de La Courneuve (Seine-Saint-Denis).
Parmi les convives attablés autour du cofondateur du Parti de Gauche et de Pierre Laurent, le patron du PCF à l’initiative de ce repas, se trouvaient la sénatrice de l’aile gauche du PS Marie-Noëlle Lienemann, les frondeurs Jean-Marc Germain et Jérôme Guedj ou même l’écologiste- un temps près d’entrer au gouvernement- Jean-Vincent Placé accompagné du secrétaire national adjoint d’EELV David Cormand.
Jean-Luc Mélenchon a appelé les frondeurs du PS à « aller au bout de leur logique » et à voter contre la confiance au gouvernement, mardi à l’Assemblée. « Ces députés n’ont aucune excuse. Ils sont libres dans un pays libre et ils ont été élus. Par conséquent ils doivent aller au bout de leur logique (...) il ne suffit pas de faire de la mousse médiatique », a-t-il déclaré à la presse à l’issue du déjeuner.
Plus tard dans l’après-midi, il s’en est pris avec virulence à François Hollande : « L’Assemblée nationale doit être maîtresse d’elle-même mais dans les institutions de la Ve République voyez comme le monarque républicain, ce fourbe totalement impopulaire qui se ferait jeter des pierres dans la rue (...) vient menacer les députés de sa propre impopularité. » Députés, vous n’êtes pas les députés de François Hollande et de Manuel Valls, vous êtes les députés du peuple français », a encore lancé l’eurodéputé.
« C’est utile qu’à gauche on se parle »
« Dans la période actuelle, c’est utile qu’à gauche on se parle », a expliqué Jérôme Guedj, président PS du conseil général de l’Essonne et frondeur, ajoutant : « On rend publiques des choses qui se passent tout au long de l’année ». « Ce qui est anormal c’est que la gauche ne se parle pas (...) qu’il n’y ait pas d’autre politique possible que de se soumettre ou de se démettre », a-t-il ajouté, dans une allusion claire au départ fracassant du gouvernement d’Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Aurélie Filippetti en raison de leur désaccord avec la ligne politique de Manuel Valls.
Mais cette cohésion de façade est encore fragile et toutes ces composantes de la gauche sont encore loin d’êtres prêtes à agir ensemble. Mardi, lors du vote de confiance à l’Assemblée Nationale, les convives de ce déjeuner multi-partisan partiront en ordre dispersé entre ceux qui voteront contre (PCF), ceux qui s’abstiendront (certains frondeurs PS et certains écologistes) et ceux qui voteront pour (d’autres frondeurs PS et peut-être des écologistes.)
Des différences de vues dont Pierre Laurent est bien conscient. « Ce n’est pas un repas qui va déboucher sur des décisions (...) il faut travailler », reconnaît-il. Mais l’intention est bien là.
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Voir l'article de Médiapart ci-dessous
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