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11 avril 2023 2 11 /04 /avril /2023 16:35
Le 39è congrès du PCF a abordé les questions de stratégie socialiste
Le 39è congrès du PCF a abordé les questions de stratégie socialiste
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Le 39è congrès du PCF a abordé les questions de stratégie socialiste

Fabien Roussel est-il devenu un adversaire de la #Nupes ?[7]

 

En perte de vitesse, le PCF en congrès, renoue avec les dogmes d’antan !

 

 

Le triomphe de Fabien Roussel lors du 39e congrès, qui s'est tenu du 7 au 10 avril 2023 à Marseille, signe aussi le retour d’expressions que les communistes avaient remisées dans les placards de l’histoire, comme celle d’« étape socialiste ». Un retour en arrière qui inquiète ce qui reste d’opposants.

 

 

Sources : Mediapart par Mathieu Dejean | mis à jour le 16/04/2023

- Un congrès moins consensuel qu’escompté ?
Derrière le résultat écrasant réalisé par la direction du Parti communiste français (PCF)[1] et son secrétaire national, Fabien Roussel, réélu haut la main avec 80,4 % des suffrages le 10 avril à Marseille[2], des querelles parfois vives ont divisé les sept cents congressistes réunis dans l’hémicycle du palais du Pharo. Lors de cet exercice de démocratie interne à ciel ouvert (les débats ont été diffusés en direct et sont visibles en ligne), où les délégué·es des différentes fédérations ont proposé des amendements au texte de la direction, une ligne de fracture est apparue sur la vision globale du projet communiste.

 

Durant l’examen de la quatrième partie du texte, intitulée « L’actualité brûlante du projet communiste », deux camps se sont opposés :

  • D’un côté, les partisans de la notion d’« étape » ou de « transition socialiste » (dont beaucoup de militant·es des Jeunesses communistes, qui y avaient consacré une contribution polémique) ;
  • et de l’autre, ceux qui s’appuient sur la théorie du « communisme déjà là » développée par le philosophe Bernard Friot, dont l’ancien secrétaire national, Pierre Laurent.

 

« Le congrès précédent était celui qui visait à sortir de l’effacement communiste. Celui-ci confirme cette volonté, et commence à penser les novations dont nous avons besoin pour remplir notre projet : comment renouer avec le meilleur de notre passé, tout en allant au-delà des symboles ? », résume l’économiste Frédéric Boccara, membre de la direction du PCF.

 

C’est notamment en raison du tournant stratégique survenu lors du congrès de 2018 (où pour la première fois la direction sortante a été mise en minorité, ouvrant la voie à Fabien Roussel) que le texte adopté lors de ce 39e congrès a rejeté le « communisme déjà-là » défendu dans la base commune alternative (le texte des opposant·es à Fabien Roussel[3]), jugé responsable d’une perte de visibilité.

 

 

- Le retour de « l’étape socialiste »
Pour comprendre cette polarisation, il faut se replonger dans l’histoire du PCF, car les deux notions sont très référencées.

  • Dans la sphère communiste, la nécessité d’une « étape socialiste » avant l’avènement du communisme renvoie à une innovation doctrinale associée par les militant·es à Georges Marchais – lui-même s’inspirant de Marx, pour qui il fallait « une première phase de la société communiste ».
  • Après le mouvement de Mai 68 et la crise tchécoslovaque, le PCF éprouve le besoin de se distinguer des pays socialistes : « Parce que l’expérience soviétique s’inscrit dans un contexte historique bien déterminé, il serait absurde de prétendre en faire un modèle impératif », écrivait Marchais dans Le Défi démocratique (Grasset, 1973).

 

Le secrétaire général de l’époque propose alors un socialisme « à la française[4] », dans lequel « les partis d’opposition auront toute leur place » de même que la « propriété privée ». En 1976, lors du XXIIe congrès, le PCF abandonne la « dictature du prolétariat ».

 

« À partir du moment où l’idée d’un projet plus spécifiquement français est affirmée, quelque chose s’est stabilisé autour du gradualisme : de la démocratie avancée au socialisme, puis au communisme », explique Guillaume Roubaud-Quashie, historien et membre de l’exécutif national du PCF. C’est donc une vision renvoyant à l’époque où le parti affirmait sa singularité et où son objectif central était la prise de pouvoir étatique qui a resurgi dans le débat. Une résurgence qui n’enchante pas Pierre Laurent : « C’est une conception datée qui renvoie en permanence le communisme à une utopie lointaine, par des étapes. On s’est débarrassé des modèles du socialisme des pays de l’Est, y revenir est une impasse. »

 

 

- Il y a donc un côté un peu rétro à reposer cette question aujourd’hui, comme pas mal de choses dans ce congrès

Si, pour l’instant, l’option d’un retour de la notion de « socialisme » (devenue taboue depuis l’effondrement de l’URSS et du « socialisme réel ») n’a pas emporté de majorité – le texte désigne le communisme comme un « processus révolutionnaire [qui] aura le caractère d’une transition vers une nouvelle civilisation », et le Conseil national est chargé de construire un débat sur « les conditions de ce processus » –, la direction du PCF voit le retour de ce lexique d’un œil plutôt bienveillant : « On a dit qu’on ne pouvait pas faire de choix prématuré, on a besoin d’un débat approfondi, mais cette envie témoigne d’une prise au sérieux de la question communiste dans le monde actuel », commente Guillaume Roubaud-Quashie.

 

Pour les opposant·es à Fabien Roussel cependant, c’est un regrettable revirement idéologique.
Pendant des décennies, des intellectuels du PCF l’ont aidé à faire son aggiornamento et à considérer que la lutte politique devait désormais prendre appui sur des îlots de communisme capables de déchirer la toile capitaliste, sans dogmatisme. Le philosophe communiste Lucien Sève avait commencé ce travail dans un livre paru en 1990 – Communisme : quel second souffle ? –, puis Bernard Vasseur a prolongé cette réflexion dans différents ouvrages. Le communisme ne devait plus être considéré comme une utopie, mais comme « un combat engagé au présent, une bataille au sein du capitalisme et travaillant à le subvertir en jouant de ses contradictions », soutenait-il par exemple.

 

« Lucien Sève nous a amenés à une lecture différente de Marx, et c’est dans cette voie-là qu’il faut avancer, mais cette réflexion n’est pas allée politiquement à son terme dans le parti, loin s’en faut », regrette Pierre Laurent, qui mesure le retour de bâton interne au moment de quitter ses fonctions dans les instances nationales. « Cela fait plusieurs années que, dans la doctrine du PCF, l’idée qu’il y aurait des étapes a été revisitée pour une construction du communisme vécue comme un mouvement perpétuel. Il y a donc un côté un peu rétro à reposer cette question aujourd’hui, comme pas mal de choses dans ce congrès », abonde le député de Seine-Saint-Denis Stéphane Peu.

 

 

- Un aggiornamento remis en cause
Aujourd’hui, les partisans de cette vision de la politique du PCF se retrouvent sous le terme de « communisme déjà là » forgé par Bernard Friot. Par cette expression, il désigne des enclaves anticapitalistes qui sont en germe dans la société et qui ne demandent qu’à grandir en partant de la base – la Sécurité sociale, le « salaire continué » (et non « différé ») des cotisations retraite, les acquis du communisme municipal ou encore la défense des communs.

 

L’amendement déposé par Émilie Lecroq, secrétaire de section PCF en Seine-Saint-Denis, témoigne de cette tendance : « Le communisme n’est pas une société lointaine, mais un processus continu qui, à partir des conditions réelles, émancipe les individus de la société. » Il a été rejeté par 77 % des congressistes, suivant l’avis de la direction, selon un implacable rapport de force qui s’est répété pour quasiment tous les amendements.

 

« La question que mon amendement soulève est celle du processus qu’on veut pour transformer la société : un processus étatiste qui passe par une prise de pouvoir ultérieure, ou un processus qui s’appuie dès à présent sur des luttes qui entrent en contradiction avec le capitalisme ?, explique-t-elle. Par exemple, si tout le monde n’est pas communiste dans le mouvement féministe, la volonté d’abolir le patriarcat est un levier pour prendre conscience de sa dimension capitaliste. C’est une stratégie de construction populaire. »

 

Celle-ci n’est pas loin d’évoquer la stratégie de « l’union populaire » chère à La France insoumise (LFI)[5], qui la met pour sa part au service de la « révolution citoyenne ». Mais, alors que le PCF s’est rétracté numériquement et que l’essentiel de ses militant·es en veulent désormais à la direction de Pierre Laurent d’avoir cédé aux prétentions " hégémoniques " des Insoumis, cette idée est, par ricochet, discréditée à leurs yeux. « Pierre Laurent soutient que le PCF doit suivre les mouvements, les accompagner, c’est une politique suiviste. Nous, nous pensons qu’il y a des prises de conscience qui ne sont pas spontanées », critique ainsi Frédéric Boccara.

 

 

- Celles et ceux qui ont plaidé pour le « communisme déjà là » ont ainsi été qualifiées de « sociaux-démocrates » ou de « communistes réformistes » pendant les débats.
Les opposant·es à Fabien Roussel, désormais très minoritaires, craignent donc un regain de dogmatisme au PCF, qui coïncide avec la défiance du secrétaire national pour la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (Nupes, dont il a été très peu question dans ce congrès). « Beaucoup de communistes noircissent à dessein le tableau, alors qu’il existe des potentiels majoritaires dans la société, parce qu’ils ne correspondent pas tout à fait à ce que l’on dit », regrette ainsi Antoine Guerrero, signataire de la base commune alternative. « Mais dans les mouvements sociaux, les gens pensent moins en termes d’appartenance politique que d’efficacité pour atteindre leurs objectifs », conclut-il.

 

 

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🔴 Pour aller plus loin 

 

- Tout est dit par Robert Injey ex secrétaire fédéral du PCF des Alpes-Maritimes !

Après avoir dirigé le Parti communiste français dans les Alpes-Maritimes, Robert Injey s’enorgueillit de n’être plus qu’un militant d’un PCF dont il conteste les vélléités anti-Nupes.
" Les débats internes du PC m’affligent. On assiste à un rétrécissement du parti dans son ambition transformatrice de la société. Taper systématiquement sur Mélenchon et la Nupes, ce n’est pas ce dont a besoin notre peuple. Le Parti communiste n’est pas une fin en soi. C’est un outil qui doit être utile à changer la société.[5bis] "... pour lire la suite, Cliquez 👇

 

Robert Injey, invité de L'interview à la une: "Les débats internes au Parti communiste m’affligent"

 

 

- Manuel Bompard, coordinateur de La France Insoumise : « Fabien Roussel doit arrêter de tirer sur son camp[7] »

Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise : « Roussel doit arrêter de tirer sur son camp »

 

 

- Oui, construisons des collectifs locaux partout en France pour préparer l'alternative dont nous avons besoin !
Voilà une bonne proposition pour constituer une nouvelle étape de la #Nupes, voire un point d'appui pour construire un " Nouveau Front Populaire " ou une " Fédération populaire " comme le proposait Jean-Luc Mélenchon en 2019[6].

Le 39è congrès du PCF a abordé les questions de stratégie socialiste

 

- L’alliance forgée à gauche à l’occasion des législatives de 2022 semble fragile. Beaucoup semblent attendre un acte II de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) et il s’en trouve même pour espérer que ce cadre soit vite « dépassé ».
C’est le cas du député Fabien Roussel, secrétaire national Parti communiste français. Celui-ci ne manque aucune occasion de critiquer ses alliés et a même commencé à se rapprocher de Bernard Cazeneuve, l’ancien premier ministre de François Hollande. Est-il déjà venu le temps de faire le deuil de cette alliance inespérée des partis de la gauche ?

 

 

Notes :

[1] Résultat du vote des communistes pour le choix de la base commune du 39e Congrès du PCF

[2] Congrès du PCF : Fabien Roussel réélu à la tête du parti après une victoire écrasante

[3] Au PCF, l’opposition à Fabien Roussel fait entendre sa voix

[4] Rapport de M. Georges Marchais, secrétaire général du PCF, devant Le 24ème congrès du parti sur la stratégie du PCF, Saint-Ouen le 3 février 1982.

[5] Jean-Luc Melenchon : après l'union de la gauche, vite L'UNION POPULAIRE !

[5bisRobert Injey, invité de L'interview à la une : " Les débats internes au Parti communiste m’affligent "

[6] Fédération populaire : comment ça marche ?

[7] Manuel Bompard, coordinateur de La France Insoumise : « Roussel doit arrêter de tirer sur son camp »

 

Pour en savoir plus :

- Les dérives inacceptables de Fabien Roussel.

- Pourquoi la bourgeoisie adore-t-elle le « communiste » Fabien Roussel ?

Fabien Roussel : le communiste préféré de la droite

- Fabien Roussel contre la gauche

- Fabien Roussel, Don Quichotte d’un communisme introuvable

- La faute politique de Fabien Roussel secrétaire national du PCF

- Fabien Roussel et le 39ème congrès du PCF

- PCF : Fabien Roussel, acte II

- FABIEN ROUSSEL ET BERNARD CAZENEUVE SE SONT RENCONTRÉS

- L'alliance de gauche "Nupes est dépassée", juge le communiste Fabien Roussel

- Scandale : Fabien Roussel tend la main à Gérald Darmanin et Bernard Cazeneuve !

- Nupes : mais à quoi jouent les communistes ?

 

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  • Pour une Révolution citoyenne par les urnes
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT  de 1978 à 2022.
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT de 1978 à 2022.

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